Points de vue sur l’éducation aux images
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Témoignages

De la Classe Culturelle Numérique aux Récits numériques

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Coordonné par l’Institut de l’image pendant trois ans, le projet Classes Culturelles numériques n’a eu de cesse de se réinventer…

Publié le 10/02/2021, Mis à jour le 25/04/2023

Imaginé comme un projet « 100% numérique » par la société éditrice Next Education, la « Classe Culturelle Numérique » a été mise en oeuvre par plusieurs pôles d’éducation aux images. L’Institut de l’Image est l’un d’entre eux. A l’heure du bilan, Emilie Allais, Coordinatrice des actions pédagogiques, raconte comment le projet a évolué, d’année en année, du tout numérique au semi-présentiel, pour revenir, crise sanitaire oblige, au fameux « distanciel ».

Dire que le confinement a considérablement accéléré l’usage du numérique est désormais un truisme. A l’échelle de l’éducation aux images, l’ensemble des projets que nous avons documentés ici ont survécu « grâce à lui ». Certains d’entre eux, d’ailleurs, étaient déjà pleinement ancrés dans le numérique. L’expérience vécue par l’Institut de l’Image au travers du dispositif « Classe culturelle numérique », qui vient de se clore après 3 ans, offre un éclairage intéressant. Conçu par la société Next Education, le dispositif propose à des établissements scolaires de participer à un projet de résidence artistique sur une plateforme dédiée. Tel que pensé initialement, les collégien·ne·s peuvent interagir, en ligne, avec l’artiste invité. Deux rencontres « en vrai » ponctuent l’année : en début et en fin de projet. Coordonné par l’Institut de l’Image et mis en oeuvre par Anamorphose, le projet a reçu pendant trois années consécutives le soutien du Conseil Départemental des Bouches du Rhône, de la D.A.A.C. et de la D.A.N.E de l’Académie d’Aix -Marseille. Voilà pour la configuration initiale.

Challenge n°1 : Trouver la meilleure combinaison entre découvertes d’œuvres, échanges, exercices pratiques, numériques et virtuels

« Né sous le nom de « Classes Culturelles Numériques », le projet n’a cessé d’évoluer et de se transformer. S’il est évident que le numérique ouvre, souvent, considérablement, le champ des possibles, nous en avons très vite constaté les limites. Tout d’abord, nous avons très tôt constaté que de réels temps de pratiques et de rencontres entre les artistes (Emmanuel Roy et Boris Gobin, du collectif Anamorphose) et les collégiens étaient essentiels. D’autre part, qu’il fallait leur fournir un corpus riche d’œuvres cinématographiques comme point de départ. Et enfin, que la plateforme soit à la hauteur pour faciliter la correspondance et les échanges virtuels entre les intervenants et les élèves », explique Emilie Allais. Par chance, le collectif Anamorphose, « à qui nous avions confié la mise en oeuvre, est très au fait des outils numériques. Avec l’accord de nos partenaires et des enseignants, la décision a été prise, dès la deuxième année, de sortir du dispositif initial et de créer notre propre plateforme, Récits numériques. »

© Anamorphose

Challenge n°2 : Revenir au tout numérique pendant le confinement !

Pour l’année 2019-2020, le thème retenu était celui de la relation entre l’humain et la nature — leur relation à la nature ! — en lien avec la thématique de Manifesta, Traits d’Union. Pour ouvrir leur imaginaire, nous avions commencé par présenter, aux trois classes, le même corpus d’une dizaine d’extraits de films pour leur faire découvrir des genres de cinéma, des styles, des tons, des époques et des modes de récits différents, et leur fournir aussi des références et des sources d’inspirations formelles. Ce corpus représentait les éléments « déclencheurs » des récits. Chaque équipe devait ensuite imaginer un récit en s’appuyant sur un ou plusieurs extraits choisis. Ils pouvaient s’en inspirer (sur le fond ou la forme), en faire un remake, lui inventer une suite, développer un détail, en prendre le contre-pied, imaginer une histoire originale en écho à l’extrait, etc. Les récits devaient être ainsi composés de matériaux originaux réalisés par les élèves : photos (travaillées selon un découpage cinématographique pour constituer des récits visuels), bande-son (voix, sons seuls, ambiances et musiques interprétées par les élèves) et textes.

Cependant, l’épidémie de COVID-19, la fermeture des collèges et le confinement ont contraint les différents partenaires à redéfinir le projet, encore une fois. De l’avis de tous, il semblait important d’essayer de le maintenir car il pouvait permettre aux élèves de témoigner de manière décalée de la situation qu’ils vivaient et, par la même occasion, leur offrir une ouverture créative dans une période particulière. « Pour la 2ème fois, le projet a changé de nom, pour devenir « Récits numériques/Classes fermées » ! »

Afin de s’adapter à cette nouvelle situation atypique, les intervenants ont proposé aux élèves de raconter, individuellement, en image et en son, une situation quotidienne liée au confinement du point de vue d’un animal (réel ou imaginaire). Comme dans le projet initial, il s’agissait toujours de les amener à créer un récit photographique, même très simple, en découpant une situation ou une action de manière cinématographique. Les intervenants ont échangé avec les enseignants et les élèves – et ont envoyé une marche à suivre précise, accompagnée de tutoriels vidéo.

Le concept de résidence artistique en ligne a pris tout son sens pendant ce confinement et l’existence du blog en ligne a permis de garder le contact avec les élèves et les enseignants et de publier les créations des élèves. Les créations finales ont pris la forme de films courts (moins de 5 minutes).

In fine, ce projet mené avec les mêmes enseignants sur trois années consécutives et, sur un temps long, a permis à une vraie expérimentation pédagogique et artistique d’exister. L’ensemble des évolutions apportées n’ayant pour objectif que de répondre au mieux aux enjeux de départ : permettre aux jeunes de s’approprier autrement les outils numériques pour raconter des histoires et développer leur esprit critique à partir de différentes thématiques (passion, gastronomie et nature) et contraintes de production (photographies et sons). Une restitution virtuelle a été organisée le 17 juin 2020 réunissant les partenaires, les enseignants et un grand nombre d’élèves.

Par Emilie Allais et Amandine Cauchy

Pratique