Points de vue sur l’éducation aux images
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Retours d’expériences

Le documentaire : quels possibles ?

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L’approche documentaire (cinéma, vidéo, webdoc…) ouvre un vaste champ d’explorations, d’expérimentations et de découvertes dans le domaine de l’éducation aux images.

Publié le 11/06/2019, Mis à jour le 27/06/2023

Terra presque incognita, le documentaire est souvent associé, à l’école ou en dehors, à un support pédagogique qui permettrait d’acquérir un certain nombre de connaissances sur un sujet précis, de façon moins formelle et plus récréative que par le biais de l’écrit par exemple. Vincent Pinel le définit ainsi : le documentaire est un « film de caractère didactique ou informatif qui vise principalement à restituer les apparences de la réalité 1 « . Dans l’esprit des jeunes spectateurs, le documentaire est d’emblée considéré comme « un moyen d’apprendre » et il est quasiment exclusivement envisagé pour son sujet : un documentaire est forcément « sur » quelque chose (sur la vie des animaux, sur un événement historique, sur une personnalité…). Souvent opposé à la fiction qui, elle, renvoie au divertissement et/ou à une forme d’expression artistique, le documentaire n’est pas communément considéré pour ses qualités formelles et esthétiques. Souvent confondu avec le reportage, qui relève du journalisme, il souffre finalement d’être mal connu. Et pourtant…

S’il existe un domaine où la liberté créatrice peut s’exprimer à plein, c’est bien dans le champ du documentaire : son économie est sans comparaison avec celle du cinéma de fiction, on peut donc s’autoriser davantage de fantaisie, et ses réseaux de diffusion sont moins balisés, ce qui ouvre des perspectives créatrices différentes. Les images documentaires recouvrent un très large spectre qui va du documentaire de création au webdoc en passant par la série documentaire (Netflix par exemple en produit de plus en plus) ou encore les films de montage d’archives.

L’approche documentaire, avec toutes ses spécificités, dont la première est de considérer le réel comme matière première des images produites, n’en demeure pas moins un formidable outil d’étude et de fabrique du cinéma en général. Qu’il s’agisse de fiction ou de documentaire, la grammaire demeure la même : un cadrage reste un cadrage, un mouvement de caméra ou un type de raccord ne seront pas différents selon qu’ils seront utilisés par Nicolas Philibert (documentariste) ou Jacques Tati (cinéaste de fiction). Seul l’objectif dans lequel ils seront utilisés diffère, dans un cas il s’agira de rendre compte du réel, dans l’autre, de créer un monde né de l’imagination du réalisateur.rice. In fine, c’est sans doute la question du « point de vue » qui s’avère l’une des approches les plus opérantes et les plus riches quand on aborde le documentaire. En effet, jamais le réel ne peut être restitué de façon brute, « objective », il est toujours retravaillé d’une part lors de l’écriture du projet par la.le cinéaste qui choisit un angle d’approche, d’autre part lors du montage par la.le cinéaste qui fait des choix, sélectionne, et construit pour donner à voir un point de vue, et enfin par le matériel de prise de vue et de son qu’il utilise.Il s’agit, avec le documentaire, de donner une forme personnelle et audiovisuelle au réel. En somme, il s’agit d’un processus de création à part entière.

Nous vous proposons un retour sur plusieurs ateliers qui ont été menés dans le cadre scolaire ou extrascolaire autour du documentaire. Ils permettent de prendre la mesure des possibilités que le documentaire offre avec les publics jeunes en matière d’éducation aux images.

Le réel et son double

Revenir aux origines du cinéma à travers le prisme du regard documentaire permet de poser quelques bases historiques mais aussi de comprendre d’une part, la relation qu’entretient l’image cinématographique avec le réel et d’autre part, d’envisager comment fonctionne l’expérience de spectateur.

Regarder des vues Lumière est toujours extrêmement instructif. Qu’il s’agisse d’enfants de niveau élémentaire, de collégien.ne.s ou de lycéen.ne.s (et même d’adultes !), la vision d’une vue Lumière est souvent source d’étonnement : « Il ne se passe rien, il n’y a pas d’action ! », « Oh, regardez comment les gens étaient habillés », « C’est tout ? Les gens payaient pour voir un film aussi court ? », « C’est un film ? Mais ça ne raconte rien ! » font partie des remarques et des questions les plus fréquentes. Il est souvent très intéressant de rappeler que le public qui avait l’occasion de voir ces films à l’époque de leur création vivait dans un monde dans lequel il n’existait pas d’images en mouvement, si l’on excepte celles produites par les appareils du précinéma et qui demeuraient somme toute assez marginales. Les images qui peuplaient la fin du 19e siècle étaient fixes : dessins, peintures, affiches, photographies. Le réel était reproduit par des moyens artistiques qui le figeaient dans une immobilité visuelle très éloignée des images qui habitent aujourd’hui notre quotidien. L’invention du cinéma a d’abord fasciné par la façon dont la caméra a pu restituer le mouvement et donner l’illusion de la vie.

Les frères Lumière ont permis au grand public d’avoir accès à une sorte de redoublement du réel infiniment troublant. Leurs « vues » sont majoritairement à tendance documentaire (ils ont réalisé quelques fictions, mais dans une moindre mesure) au sens où ce qui est filmé est prélevé sur le réel. Ce qui n’exclut évidemment pas la mise en scène : choix d’un angle de prise de vue, cadrage, réflexion sur le mouvement des personnages dans le champ, voire reconstitution d’un événement. Visionner par exemple les trois versions de La sortie d’usine Lumière à Lyon met au jour de façon éclatante que l’acte de filmer un événement se prépare, se réfléchit, et n’exclut en rien l’interaction avec les personnes que l’on capture à l’image. Filmer le réel, c’est filmer une portion de réel choisie (travail sur le champ et sa relation avec le hors champ), sur une certaine durée, avec un certain angle, dans une certaine interaction. (car sinon il y a 2 fois « interaction » dans la phrase)

Le cinématographe Lumière était maniable, relativement léger pour pouvoir être transporté facilement par les opérateur.rice.s. Finalement, toutes proportions gardées, il peut être rapproché de nos téléphones mobiles qui nous permettent de faire de petites vues qu’elles soient prises sur le vif ou préparées. Les premiers gestes du cinéma peuvent ainsi être reproduits avec nos téléphones : il s’agit de proposer aux participant.e.s de faire un plan fixe, de 50 secondes, muet. L’expérience permet de prendre la mesure du fait que le réel ne peut en aucun cas être redoublé à l’identique (il est bien trop vaste !) et que l’image cinématographique est le résultat de prises de décisions effectuées par l’opérateur.rice et donc l’expression d’un point de vue.

Les Frères Lumière, Concours de boules, 1896

Plusieurs exemples d’ateliers « Vues Lumière »

(Se) voir autrement : le portrait

L’objectif d’un appareil de prise de vue a ceci de particulier qu’il oriente notre regard. Quand on regarde le monde à travers lui, on devient bien plus attentif à certains détails, on en met d’autres de côté en les laissant hors champ. En outre, le cinéma crée une durée particulière, donne de la densité à des événements par nature évanescents. Dans le documentaire, les personnes filmées acquièrent, sous le regard du réalisateur.rice, le statut de personnage, c’est-à-dire qu’elles se mettent à exister dans et pour le film. Leur existence, leurs gestes, leurs paroles prennent une importance toute particulière. L’exercice du portrait documentaire est souvent marquante pour celleux qui la pratiquent : il permet de faire une véritable expérience de l’altérité, de découvrir en l’autre ce qu’il a de commun avec nous par-delà ce qui le constitue comme singularité.

Le portrait peut prendre plusieurs forme : l’entretien, avec le recueil de la parole des personnages, l’observation sans intervention du réalisateur.rice ou encore le filmage d’une interaction entre le réalisateur.rice et le personnage (portrait co-construit).

Voici plusieurs exemples de portraits documentaires relevant de différentes approches du genre

  • Approche n°1 : Ce qui nous lie / ce qui nous différencie
    Dans le cadre d’une résidence d’artiste de la réalisatrice Ahlem Aussant-Leroy, le lycée Henri IV de Béziers (34) a réalisé des portraits croisés autour de la langue arabe. Dans ce film documentaire, « Une langue pour renaître », la réalisatrice entame une quête personnelle à la rencontre de la langue arabe. Elle y revisite son histoire (du XIXème siècle jusqu’aux révolutions du XXIème siècle) et donne l’occasion d’un voyage dans la France arabophone et dans le monde arabe.
    https://www.youtube.com/watch?v=aoEPMEYl8uw&t=28s
  • Approche n°2 : Eux et nous
    « Leurs vies… » a été réalisé par des élèves de seconde , sourds et malentendants, internes au CESDA (Centre Education Spécialisée pour Déficients Auditifs) au lycée Joffre de Montpellier (34). Dans ce court métrage, ils suivent quatre jeunes sourds et malentendants scolarisés dans leur lycée.
    https://www.youtube.com/watch?v=73yc6KrP1oI
  • Approche n°3 : L’écriture d’un portrait devenu auto-portrait
    Les élèves d’option cinéma-audiovisuel du lycée Jean Moulin de Pézenas (34) ont travaillé durant deux ans à la réalisation d’un film documentaire : « L’ici est l’ailleurs ». Encadrés lors de la première année par Nora Martirosyan, réalisatrice de films documentaires et de fictions, ils ont participé à un processus créatif inscrit dans la durée. Dans un premier temps, les élèves ont pensé faire le portrait d’un couple d’arméniens, résidents de Pézenas. Puis, le travail avec Kees Bakker, consultant en écriture et développement de films documentaires, les a amenés à resserrer leur sujet sur eux-mêmes, en tant qu’enfants de diverses origines.
    https://www.youtube.com/watch?v=IMGaJgC-FkY&t=1s&list=PLb5_gti3ANFT1RemyQHv9DJVGRZ9MwlNf&index=41

Le film a été présenté dans différents festivals a été primé à Cinemed, festival du cinéma méditerranéen de Montpellier, Itinérances, festival cinéma d’Alès, Festimaj, festival international des films d’écoles.

Ce resserrement autour de soi, le passage du portrait à l’auto-portrait montre à quel point le regard porté sur autrui ne va pas sans un regard introspectif. La démarche documentaire peut être un outil de connaissance de soi, une réflexion sur sa place en tant qu’individu ou collectif et son rapport au regard des autres.

 

Connais-toi toi-même : l’auto-portrait

Variante du portrait, l’autoportrait et le journal filmé sont des incontournables de l’approche documentaire. Dans la lignée d’Agnès Varda, d’Alain Cavalier ou encore de Ross Mc Elwee, nombreuses sont les productions d’ateliers qui revisitent ce genre. Pudique ou démonstratif, intime ou politique, là encore, la mise en scène de soi peut prendre diverses formes et fait aujourd’hui inévitablement écho à l’usage des réseaux sociaux, soit pour s’en démarquer, soit pour le questionner.

  • Des lycéen.ne.s de Chinon (37) ont expérimenté l’usage du téléphone portable comme outil de création : à la fois comme instrument de prise de vues et de son, mais aussi comme support d’un regard sur soi. En ressortent neuf journaux filmés, qui fabriquent leur propre mémoire.
    http://www.ciclic.fr/actualites/neuf-journaux-filmes
  • – De jeunes adolescent.e.s atteints de Troubles du Comportement et de la Conduite ont réalisé un court-métrage, dans lequel ils ont souhaité montrer leurs progrès, la réalité « positive » de leur éducation personnelle, scolaire et professionnelle au sein de la l’ITEP, la structure qui les accueille en internat. L’atelier a été mené par la réalisatrice Axelle Schatz.                                                   https://www.pole-images-region-sud.org/experiences-post/atelier-cinema-confiance-tiens-bon-grandis-2017/

Découvrir son territoire 

Quoi de plus familier que la ville ou le village dans lequel on vit ? Habiter un territoire ne garantit pourtant pas d’en avoir une connaissance exhaustive. L’approche documentaire est parfois l’occasion d’en explorer les replis secrets, de partir à la découverte de ses habitants que l’on côtoie sans connaître et de remonter le fil d’une histoire méconnue. Dans cette perspective, plusieurs ateliers ont été menés pour rendre compte de l’histoire d’un quartier, d’une ville, d’un bâtiment, avec pour objectif que les participants s’approprient son histoire, s’interrogent sur son origine pour mieux l’habiter. Voir autrement implique de se positionner différemment, adopter une nouvelle perspective : à travers des travaux sur la topographie et la mémoire des lieux, les participants expérimentent non seulement le tournage mais aussi le travail de recherche, de documentation propre à la réalisation documentaire, en partenariat avec des archives départementales ou régionales par exemple.

Deux exemples d'ateliers qui permettent de (re)découvrir son territoire

  • L’atelier dit des « cartes postales audiovisuelles » propose aux participants de retourner sur les lieux des prises de vue pour confronter le passé et le présent, réinterroger l’histoire d’une ville et sa représentation. Imaginé en 2015 par les documentaristes Paul Costes et Bijan Anquetil, il a été déployé en Seine-Saint-Denis par l’association Cinémas93. 18 films ont été réalisés, régulièrement projetés en avant-séances dans les salles publiques du département. Le travail sur des lieux, des territoires permet de façon plus générale de questionner la mémoire collective, de susciter l’appropriation culturelle, d’aller à la rencontre d’habitants ou d’acteurs de la vie sociale que l’on n’aborderait pas dans d’autres occasions.
    https://www.cinemas93.org/page/cartes-postales-audiovisuelles-2017
    https://vimeo.com/groups/318668
  • A Château-Renault (37), un petit groupe d’adolescents se sont immergés dans les images d’archives, conservées aux Archives régionales.
    http://www.ciclic.fr/ressources/decouvrir-et-inventer-sa-ville-grace-au-patrimoine-audiovisuel

Les images des autres

Une certaine approche du documentaire se passe de l’étape du tournage, ce qui n’est pas sans présenter un certain nombre d’avantages quand on travaille avec un groupe nombreux ou lorsqu’on ne dispose pas du matériel adéquat. Réaliser un film à partir d’images déjà existantes, qu’elles relèvent des archives (documents conservés par des organismes ou des personnes et caractérisées en fonction de leur provenance), ou accessibles facilement (le web est un pourvoyeur quasi infini d’images libres de droits ou non), pour créer un nouveau film et leur donner un tout autre sens est l’occasion de :

  • Réfléchir au statut de ces images, à leur origine, leur fonction, le contexte dans lequel elles ont été produites.
  • Expérimenter le travail, ô combien essentiel du montage, souvent mis de côté lors les ateliers de réalisation.
  • Eventuellement pratiquer l’art du détournement des images.

Atelier « Vaincre le temps »

Deux exemples d'ateliers

  • L’atelier « 12 secondes pour se faire un film » a permis à des lycéens de Tours (37) de s’initier à la pratique du found footage à partir de films amateurs archivés au pôle Patrimoine de Ciclic. L’objectif de l’atelier consistait à créer du sens, à l’aide du montage, entre des images indépendantes les unes des autres.
    http://www.ciclic.fr/actualites/12-secondes-pour-se-faire-un-film
  • L’atelier « Vaincre le temps » a quant à lui permis aux élèves du lycée Jean Monnet de Joué-lès-Tours (37) de faire dialoguer la mémoire de la pellicule (c’est à dire, les images d’archives) avec des images plus spontanées, prises avec leurs téléphones portables.
    http://www.ciclic.fr/actualites/vaincre-le-temps

Les puissances du faux

Détourner l’approche documentaire pour créer des faux documentaires (appelés également documenteurs) : quel plaisir ! Cet exercice de style, qui vise à produire des leurres, des films qui ont l’apparence de documentaires mais qui n’en sont pas, nous questionnent sur les codes et les procédés de mise en scène du genre et plus profondément sur le rapport de croyance que nous instaurons avec les images. La vérité est une notion validée par un raisonnement ou bien, dans une autre acception, le fruit d’une croyance qui exclut absolument le doute. Dans quelle mesure une image peut-elle être considérée comme vraie, ou du moins crédible ? Une image en tant que telle n’est en fait ni vraie ni fausse, elle est prise dans une construction de sens.

La présence d’une voix-off s’exprimant avec force autorité, des images qui semblent prises sur le vif et rendre compte d’un réel indubitable ou à l’inverse des plans prenant une allure scientifique que l’on ne saurait remettre en question, de nombreux procédés de mise en scène peuvent activer dans l’esprit du spectateur le sentiment d’avoir affaire à une situation avérée et à un discours de vérité. Apprendre à les décoder et à s’interroger sur les raisons qui nous poussent à suspendre notre esprit critique, tels sont les enseignements délivrés par la fabrique d’un documenteur. Avec ses allures de documentaire, le documenteur est en fait une fiction qui se cache et se fait passer pour autre chose mais qui en profite pour interroger durablement notre regard. De quoi rebattre les cartes de la distinction entre ces deux régimes d’images, l’un et l’autre s’interpénétrant sans cesse.

Un exemple

Tracer des chemins de traverse : le webdocumentaire

Le web documentaire, ou webdoc, ouvre de nouvelles possibilités de construction narrative. A l’inverse d’un film qui a une structure linéaire (même si le montage permet des allers-retours temporels, des mises en parallèle et des comparaisons), le web doc est conçu sur le mode de la « navigation », de la promenade. Le spectateur devient ainsi co-constructeur de la narration. Cette structure narrative implique que le réel soit envisagé non pas tant comme une globalité mais comme une multiplicité de points de vue qui s’entremêlent et qui peuvent être explorés selon de nombreuses combinaisons. La notion d’exploration est d’ailleurs au cœur du processus ; chacun fait une expérience sensiblement différente d’un webdoc en fonction des choix effectués à chaque nouvelle étape.

Deux exemples de projets

  • Après les attentats de 2015, la bibliothèque d’Hérouville Saint-Clair (14) a souhaité proposer une initiative positive sur le territoire autour de la thématique du « vivre-ensemble ». Les réalisateurs Camille Julie et Nicolas Glorieux, ont travaillé pendant un an et demi, avec les habitants à la création d’un webdocumentaire interactif : « Suis-moi ». Les contenus ont été réalisés au cours d’ateliers participatifs. Au sein du webdoc, le spectateur est invité à entreprendre son propre voyage, de trouver son chemin, de vivre une expérience , celle du quotidien ensemble.
    http://suis-moi.fr/#Accueil
  • Comme cela a été le cas pour les sites web, les blogs et Twitter le monde éducatif s’est intéressé au webdocumentaire à travers « Raconte ta ville », un dispositif annuel proposé et accompagné par Réseau Canopé depuis 2012. De la maternelle au lycée, guidés par leurs professeur.e.s dans le cadre de projets interdisciplinaires, les élèves doivent réaliser eux-mêmes leurs webdocumentaires. https://www.reseau-canope.fr/raconte-ta-ville/webdoc/20122013.html

Et le son ?

Reste un champ essentiel à prendre en considération quand on souhaite travailler autour du documentaire : le son. Qu’il s’agisse de son direct ou post-synchronisé, qu’une voix-off accompagne les images ou non, le son a un rôle particulièrement important dans la réception d’une œuvre documentaire. Il peut guider le spectateur et en l’absence de voix-off, il peut le laisser libre de comprendre seul le morceau de réalité qui est retranscrit. Nombreux sont les ateliers d’écriture ou de détournement d’une voix-off sur des images : une façon très efficace de prendre la mesure du poids de celle-ci dans la lecture que nous faisons d’images fixes ou en mouvement (Lettres de Sibérie de Chris Marker reste à ce titre un exemple tutélaire de travail sur la voix-off).

Une petite expérience toute simple permet de sensibiliser le jeune et moins jeune public à l’importance du son : il suffit de faire écouter, avant une séance, un extrait sonore du film et d’interroger les spectateur.rice.s sur leurs ressentis, non pas leur demander quelles images correspondraient aux sons entendus, mais quelle matière, quelle ambiance, quel type de lieu. Peu à peu on peut les amener à s’interroger sur le type de cadrage que ces sons évoquent, un mouvement de caméra ou une caméra fixe, un travail de montage… Ce petit jeu amène les spectateur.rice.s à mesurer d’une part le type d’articulation son/image qui peut être utilisé dans un documentaire et d’autre part à prendre la mesure, là encore, que le réel n’est jamais restitué tel quel mais mis en forme.

 

Chris Marker, Lettre de Sibérie, 1957

Un exemple parmi d’autres

Par ailleurs, de nombreux ateliers documentaires sonores sont proposés, en lien avec le développement des podcasts.

Pour en savoir plus sur l’importance du son : Ecouter : le son dans le cinéma documentaire avec Olivier Schwob, ingénieur du son. Entretien réalisé lors de rencontres régionales d’éducation à l’image sur le cinéma documentaire.
https://www.youtube.com/watch?v=M96bN5W5uwA&t=9s

Par Suzanne Hême de Lacotte, fondatrice de l’association Les Soeurs Lumière, Chargée des actions éducatives La cinémathèque du documentaire, Responsable médiation Le Cinéma du réel.

[1] Vincent Pinel, Dictionnaire technique du cinéma, Paris, Armand Colin, 2012, p. 92.