Points de vue sur l’éducation aux images
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Retours d’expériences

Tour de Table

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Depuis deux ans, l’Alhambra, Pôle régional d’éducation artistique et de formation au cinéma et à l’audiovisuel en région PACA, teste, augmente et accompagne les expérimentations autour de la table mash up. Témoignages !

Publié le 15/09/2016, Mis à jour le 27/02/2023

Depuis deux ans, l’Alhambra, Pôle régional d’éducation artistique et de formation au cinéma et à l’audiovisuel en région PACA, teste, augmente et accompagne les expérimentations autour de la table mash up, un outil innovant qui permet de s’initier au montage à partir d’extraits d’œuvres préexistantes. En deux ans, la table mash up a ainsi pu profiter à une vingtaine de structures et une cinquantaine d’intervenants artistiques, médiateurs culturels, enseignants, éducateurs, médiathécaires y ont été formés. Au printemps dernier, l’Alhambra a souhaité organiser un temps d’échanges sur quelques unes de ces expérimentations et projets. Tour de Table !

Intervenante artistique à la Compagnie d’Avril, réalisatrice et photographe, Elise Tamisier a immédiatement saisi l’intérêt de la table mash up, son côté “magique”, “éblouissant”. Un temps d’acclimatation a cependant été nécessaire pour maîtriser l’outil et réfléchir à une manière pertinente de la travailler en atelier, dans des contextes et en direction de publics différents, et aux modalités techniques inhérentes. Des exercices se sont révélés particulièrement pertinents. Faire remonter une séquence par les participants leur permet par exemple de s’approprier l’outil, très progressivement.

Une multitude de questions se sont également posées. Par exemple, est-il plus efficace de faire manipuler les images et de montrer l’œuvre originale ou de visionner des propositions faites par les autres ? En deçà de cette mise en situation, Elise Tamisier relève l’opportunité de travailler un enjeu important de l’éducation à l’image : la circulation, la manipulation, l’appropriation des images. La mécanique de groupe passe bien souvent avant l’éducation à l’image et il faut pouvoir travailler en tenant compte de ce paramètre. La question de l’implication du groupe se pose également en amont, à l’étape de préparation du corpus, et en aval, lors du dérushage, pour permettre une exploitation “plus complète” de la table.

Ateliers d'éducation à l'image sur table mash up à Dignes les bains c- Médiathèque Intercommunale Asse Bléone Verdon-

Ateliers d’éducation à l’image sur table mash up à Dignes les bains c- Médiathèque Intercommunale Asse Bléone Verdon

Classé Ambition Réussite, le collège de la Belle de mai à Marseille met en place de nombreux projets pour développer l’appétence de savoir des élèves. Professeur de physique chimie, Imara Said a choisi la table mash up comme angle d’attaque pour aborder la conquête spatiale, au cœur du projet d’astronomie en classe de cinquième. Une manière habile d’aborder de façon concomitante les enjeux pédagogiques du projet astronomie en tant que tel et des problématiques d’éducation aux images (ici, leur manipulation par les media). L’implication des élèves ainsi décuplée, Imara Said a pu travailler, transversalement, l’appropriation des connaissances, le travail collectif, la verbalisation, l’expression orale et écrite.

 

Dans le cadre de la manifestation Jeune public Autres regards, organisée par les Rencontres cinématographiques de Digne-les-Bains, la Médiathèque Intercommunale Asse Bléone Verdon a mis en place une semaine d’ateliers sur table mash up. Pour cette première utilisation auprès de scolaires et du tout public, Sylvie Martinez et Raphaëlle Bernhardtmédiathécaires, ont surtout souhaité tirer profit du caractère ludique et intuitif du dispositif. Les propositions d’animations se sont à chaque fois construites en fonction des groupes, selon les dynamiques des participants… totalement subjugués par l’objet! Par la suite, elles envisagent d’inscrire l’utilisation de la table mash up dans un processus plus large de sensibilisation au cinéma.

 

Dernière expérimentation abordée, Le Fonds Régional d’Art Contemporain de la région P.A.C.A a quant à lui accueilli la table mash up dans ses espaces pendant un mois, en proposant des ateliers en lien avec l’exposition temporaire Cinérama de Marc Bauer. Anne-Lise King, intervenante artistique, et Lola Goulias, chargée des publics au FRAC, voient toutes deux la table mash up comme un outil suffisamment neutre et malléable pour une appropriation par tous, scolaires et grand public. Les participants ont facilement pu créer leur propre montage autour des thèmes des souvenirs et de la mémoire collective, à partir d’images relatives au travail de Marc Bauer. Un bon outil pour s’immerger dans l’univers de l’artiste.

Un chat dans la ville a été réalisé sur une table mash up -c- « The architect » de Marc Bauer

Journée professionnelle du 12 mai 2016 : retours à chaud

Qui dit rencontre professionnelle, dit également retours à chaud des publics, qu’ils soient d’ores et déjà, ou pas, familiarisés à l’outil.

  • A “trop” parler de la table mash up en amont, les participants sont intimidés. Cela se traduit par un certain positionnement dans l’espace.
  • Dans tous les cas, la table mash up fait office de catalyseur social. Elle pousse certains participants à “prendre le pouvoir” et stimule la négociation dans le collectif.
  • La mise en situation d’atelier révèle les tendances de chacun : certains vont se focaliser sur une structure narrative cohérente qui s’inscrit dans les logiques du cinéma classique, alors que d’autres auront davantage tendance à s’en affranchir (consciemment ou non) et à valoriser l’absurde.
  • La table mash up pose la question du sens : pourquoi assemble-t-on des images ? Pourquoi ces images-là ? L’intervenant peut tout à fait souligner la dimension politique du montage, à savoir le fait que monter c’est donner du sens, c’est un engagement, un parti pris et non pas un simple agencement d’images. Il est possible de souligner cette même logique au moment de la sonorisation des plans. En effet, des ambiances sonores différentes engendrent des ressentis différents.
  • Dans le cadre d’ateliers de sensibilisation artistique, et notamment cinéma, l’importance est bien souvent accordée au rendu final. Il doit être léché, créatif et “à la hauteur“. A contrario la table mash up permet d’obtenir facilement un résultat dont les participants sont fiers, sans pour autant avoir trop laissé la main au professionnel qui intervient.