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Ateliers et pratiques pédagogiques

Deep fake : ce film qui n’existe pas !

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Laura Schlenker, maîtresse de conférences associée à l’Université de Grenoble Alpes, propose avec La Fabrique Média des ateliers d’éducation aux médias et à l’information, pratiques et ludiques, permettant l’acquisition de véritables compétences créatives pour développer du savoir-faire et un regard éclairé.

Publié le 14/10/2024, Mis à jour le 16/10/2024

À travers des ateliers originaux, comme celui sur les « deepfakes », ce collectif invite les participant·es à s’approprier les intelligences artificielles génératives comme des outils de création numérique. Destiné aux adolescent·es et aux adultes, l’atelier se déroule en plusieurs étapes collaboratives, où chacun·e contribue à l’élaboration de la page promotionnelle d’un film fictif. Au-delà de la technique, ces activités permettent de questionner la relation au réel et d’aiguiser l’esprit critique, tout en favorisant le travail d’équipe. Une manière ludique et créative d’apprendre à maîtriser des outils technologiques tout en explorant leurs limites et enjeux éthiques.

  • Typologie d’atelier : création numérique
  • Durée :
    Format long : 6h
    Format court : 3h
  • Public : à partir de 10 ans, adolescent·es et adultes
  • Jauge : 15 personnes (en lycée, travailler en demi-classe)

 

Description de l’atelier : Ayant pour point de départ la définition et un échange critique autour des “deepfake”; dont regorgent les réseaux sociaux, cet atelier consiste à accompagner les participant·es, réparti·es en sous-groupes, à créer collectivement la page promotionnelle (avec l’inspiration de ce qui se fait sur le site Allociné) d’un film qui n’existe pas : titre, synopsis, affiche, extrait de la bande originale, avis de la presse, interviews d’acteur·rices et même la bande-annonce si le temps imparti le permet !

 

Objectifs pédagogiques
Les participant·es sont invité·es à se familiariser avec des
intelligences artificielles génératives (CANVA, ChatGPT, Suno, …). Iels explorent ainsi les capacités de ces nouveaux outils et leurs limites et sont amené·es par la pratique à aiguiser leur esprit critique, questionner la notion d’auteur·rice et la relation au réel. L’animateur·ice animant la séance doit s’assurer que les groupes soient bien coordonnés entre eux. Des choix devant être faits au fil de l’atelier, il est nécessaire de convoquer les différentes équipes répartis selon le type de création à générer (“titre et synopsis” ;”visuel”, “son”, “interviews”,…) pour que tout le monde avance dans la même direction.

Etape 1 : échanger avec le groupe

  • Créer un climat de confiance par un échange non jugeant.
  • Discuter des goûts et des pratiques.
  • Poser la question et y répondre avec spontanéité : « quel est ton film préféré ou ta série préférée ou vu·e dernièrement ? »

 

Etape 2 : sensibiliser sur les intelligences artificielles génératives

Ce temps de sensibilisation prolonge l’échange informel (étape 1) mais contextualise et invite à adopter un regard critique. 

  • Identifier différentes IA génératives et les usages qui en sont faits.
  • Se concentrer sur l’utilisation des “deepfake” et ces différents contextes d’utilisation dans les médias et réseaux sociaux. S’appuyer sur des exemples de deepfake.
  • Donner une définition : « une image ou un contenu audio ou vidéo généré ou manipulé par l’IA, présentant une ressemblance avec des personnes, des objets, des lieux, des entités ou événements existants et pouvant être perçu à tort par une personne comme authentiques ou véridiques »[1]. 
  • Et évoquer son émergence en 2017 : « deepfake » pseudo utilisé par l’utilisateur de Reddit qui a manipulé l’image de célébrités pour les associer à des contenus pornographiques. À l’inverse (et à titre d’exemple), l’acteur Tom Cruise s’approprie le deepfake en donnant son accord et mettant volontiers à disposition un visage plus jeune pour la chaîne humoristique de tiktok « DeepTomCruise ».
Atelier Ce film n'existe pas" animé lors du stage "IA et création" à la cité scolaire Albert Triboulet à Romans-sur-Isère en Juin 2024

Vue d’atelier mené par La Fabrique Média

Etape 3 : définir le projet du « film qui n’existe pas »

  • Expliquer l’objectif de l’atelier. Brainstorming collectif et noter sur un tableau les différentes suggestions pour chacune de ces rubriques : 

– Genre cinématographique,
– Lieu,
– Epoque,
– Personnages,
– objet MacGuffin[2]. 

  • Voter, un tour ou deux tours (si beaucoup de suggestions), pour ne retenir qu’une suggestion par rubrique.

     

 

Etape 4 : réalisation en équipes

  • Répartir les participant·es en 4 ou 6 sous-groupes de 2 à 3 personnes, suivant les missions suivantes :

– Titre et synopsis du film,
– Critiques (positives et négatives) / avis de la presse,
– Affiche du film,
– Interviews des acteur·rices et du ou de la cinéaste,
–  « secrets du tournage »,
– Thème musical,
– Extrait audiovisuel. 

Chaque groupe doit disposer d’un ordinateur, connecté à internet et bénéficiant d’un abonnement (ou version d’essai gratuite) à un des logiciels nécessaires. L’animateur·rice circule entre les groupes (donne accès à un compte si la structure d’accueil n’en a pas).

Iel lève d’éventuels freins techniques/informatiques et, en tant que maître du temps, iel peut faciliter la prise de décisions au sein des groupes.

Iel jugera de quand il sera nécessaire de réunir les groupes pour un point d’étape. Il faudra alors se rassembler auprès du pôle définissant le titre et le synopsis puis de celui se consacrant à la création d’affiches, etc. 

Il s’agit pour chaque groupe de rendre compte, factuellement, des résultats obtenus par l’IA, pour demander l’avis aux autres sur ce qu’il faut modifier : soit par une nouvelle requête, soit en modifiant directement le texte, ou en supprimant des éléments. Cette occasion permet aux autres groupes de se coordonner et d’adapter leur contenu par souci de cohérence.

 

Etape 5 : restituer et valoriser une production collective

À l’issue de l’atelier, chaque groupe a enregistré son travail sur un drive partagé.

L’animateur·rice met en page les différents rendus sur une page. Iel projette et partage le rendu final au groupe réuni. S’ensuit un échange entre les participant·es à partir de leurs réactions pour évoquer ensuite plus en détails leur expérience de l’atelier.

Cette dernière étape valorise les différentes missions de création et un travail d’équipe. Elle laisse de la place à chacun·e pour expliciter des choix qui ont été pris, pour évoquer les difficultés ou freins rencontrés notamment liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Il est intéressant de laisser de la place à ce temps d’explication par les participant·es elleux-mêmes.

[1] Art 3 de l’IA Act adopté par le conseil européen le 21 mai 2024

[2] Objet prétexte du scénario pour lancer l’intrigue— popularisé par le cinéaste Alfred Hitchcock. 

Deux exemples d’atelier de création de deepfake « Ce film n’existe pas » 

 

La Flûte de sable, 2024, réalisé par James Cabrick

atelier de création "Deepfake - Ce film n'existe pas" animé lors du stage "IA et création" à la cité scolaire Albert Triboulet à Romans-sur-Isère en Juin 2024

Affiche réalisée dans le cadre de l’atelier de création « Deepfake – Ce film n’existe pas » animé lors du stage « IA et création » à la cité scolaire Albert Triboulet à Romans-sur-Isère en Juin 2024

Chantons sans gravité !, 2024, réalisé par Caroll Cake

Affiche réalisée dans le cadre de l’atelier de création « Deepfake : ce film n’existe pas! » programmé lors des rencontres nationales Lycéens et apprentis au cinéma du 26 et 28 juin 2024 à Strasbourg

Liste des logiciels utilisés dans cet atelier

  • Chat GPT/OpenAI pour l’écriture
  • Suno pour la musique
  • Canva pour les création graphique
  • This person does not exist pour les portraits, pas de création de compte
  • poe.com qui permet, avec un compte unique, d’avoir accès de nombreuses IA
  • Capcut pour faire du montage
  • Eleven Labs pour les dialogues
  • WordPress pour mettre la page web créé en ligne

La Fabrique Media

Laura Schlenker est vidéaste, maîtresse de conférences associée en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Grenoble Alpes et directrice et formatrice pour La Fabrique Média, un collectif d’intervenantes professionnelles des médias. Le collectif, basé à Grenoble, propose des ateliers d’éducation aux médias et à l’information. La Fabrique Média propose également des  formations professionnelles destinées aux médiateur·rices de l’éducation et de la culture qui souhaitent mettre en place des actions d’éducation aux médias et à l’information.