Web social, terrain de jeu pour l’éducation aux images ?

Le livret propose à la fois des textes de réflexions, des témoignages sous forme d’entretiens, des fiches-ateliers et des références subjectives proposées par les contributeur·rices.

Extraits :

« En l’espace de trois décennies, tout a changé… 
La révolution numérique a bousculé en profondeur nos habitudes, nos pratiques sociales et professionnelles, nos usages, nos économies. Cette transformation radicale, à une échelle individuelle et sociale, a transformé nos interactions avec les autres, nos imaginaires, notre manière de regarder le monde et nos façons de faire société. Ces bouleversements, vécus à une vitesse inégalée, ont engendré dans leur sillage des utopies, des peurs, de grands enthousiasmes, des débats et des problématiques nouvelles. Les médias sociaux s’inscrivent au cœur de cette révolution numérique, toujours en cours, mondes à part entière dans lesquels nombre d’entre nous, et massivement les plus jeunes, sommes plongés. 

Face à cette nouvelle donne qui impacte nos modes de vie et ceux de nos publics, nous avons souhaité interroger, à travers ce nouvel opus de La fabrique du regard, les liens entre éducation aux images et médias sociaux. »

(extrait de l’avant-propos du livret, Pauline Chasserieau, Directrice générale de l’Acap – pôle régional image)

« J’ai commencé à m’investir dans des projets d’éducation aux images à 22 ans. À ce moment-là, je n’avais pas une grande différence d’âge avec les jeunes rencontrés. Et pourtant, je constatais un décalage dans nos pratiques (…) Au fur et à mesure des ateliers, j’ai ressenti le besoin de leur demander : « Que faites-vous avec vos téléphones portables ? ». Ils ont entre les mains ce que tous les réalisateurs auraient rêvé d’avoir dans les années 60 : une caméra dans la poche en permanence. »

(Extrait de l’entretien avec Pierre Larose, photographe et réalisateur)

“Je me dis qu’il serait intéressant de proposer un atelier qui prendrait le contrepied de tout ce qui est suggéré comme type d’images sur TikTok ou Instagram. Au lieu de scroller en permanence, on ferait quelque chose qui inviterait à l’extinction de l’outil. Ne filmer que des corps de dos qui ne bougent pas, qu’est-ce que cela raconte ? Chercher l’exact inverse est un vrai travail qui permet de réfléchir aux types d’images vues. Il faudrait que ce projet parte d’une réflexion avec les jeunes : quels types d’images est-ce qu’ils absorbent, produisent et quels types d’images en seraient le contrepied total ?”

(Extrait de l’entretien avec Erika Haglund, scénariste, monteuse et réalisatrice)

“Dans la première décennie des années 2000, les nouveaux usages de l’image nous interrogeaient. On assistait à une bascule où la question n’était plus celle d’avoir accès à des infos textuelles et à une communication par Internet mais accès à des images, diffusées et mêmes produites pour ce nouvel espace. La Maison et le Monde a été pour nous et les étudiants un lieu d’’expérimentation qui accompagnait l’émergence de ces usages maintenant très construits. Les films qui en restent constituent un témoignage et une archive en termes de pratiques de l’époque. Des questions demeurent encore aujourd’hui, comme celles de la vie privée en ligne, des confusions entre espaces publics et espaces privés, du droit à l’image, et des formes s’inventent en permanence. C’est à cela que devrait mener la création autour des usages numériques : quelles formes pour quels publics ? Quels écrans et comment on se les approprie et on s’en libère en même temps ?”

(Extrait de l’entretien avec Frédérique Hammerli, enseignante en lycée,et Clément Dorival, réalisateur de films documentaires)