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Images en bibliothèques

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Comment mettre en place des actions d’éducation à l’image en médiathèque ? Adèle Calzada dresse un panorama d’actions et de ressources mobilisables pour les petites et moyennes structures.

Publié le 08/11/2021, Mis à jour le 22/08/2023

Depuis plusieurs années, le cinéma est présent en médiathèques à travers des collections de DVD disponibles en consultation sur place et en prêt, mais aussi via internet, au moyen de ressources numériques mises à disposition par les médiathécaires. Dans beaucoup d’établissements, les bibliothécaires proposent également des actions de médiation sur le cinéma, par exemple des séances de films ou des animations en groupe (ateliers, discussions, rencontres…) à destination d’adultes ou d’enfants.
Comment mettre en place des actions d’éducation à l’image en médiathèque ? Adèle Calzada, chargée de formation et d’actions pédagogiques à Images en Bibliothèques, dresse un panorama d’actions et de ressources mobilisables pour les petites et moyennes structures.

Mettre en place un projet d’éducation aux images en médiathèque

Comme dans tout lieu de culture, les bibliothèques ont leurs passeurs, qui œuvrent pour une diffusion large et inclusive des connaissances : les bibliothécaires. Tout autant qu’autour des livres, les bibliothécaires créent des espaces de rencontre et d’échange autour des films. La programmation culturelle est pensée de façon à faire découvrir une diversité d’œuvres, à créer du lien social en offrant un espace de dialogue et de partage de points de vue, et à accompagner la réception et la compréhension des images par le public, notamment les jeunes, à encourager la pratique. 

 

Quelles actions ?

Mettre en valeur une diversité de films

Quelle que soit la taille de votre établissement, vous acquérez une diversité de films, qui, pour part, n’ont pas connu de sorties en salles de cinéma ou qui ont été peu diffusés. La première difficulté sera de rendre visible ces documents, qui ne « parlent » pas, spontanément, au public, qui ne seront probablement pas ou peu recherchés dans vos fonds. Outre la mise en place régulière de valorisation in situ et sur vos supports de communication traditionnels (tables thématiques, coups de cœur,…), des manifestations nationales comme le Mois du film documentaire, la Fête du cinéma d’animation ou la Fête du court métrage sont des occasions d’amener le public à découvrir d’autres types de films que ceux qu’ils peuvent voir à la télévision ou en salles, au moyen de séances gratuites et ouvertes à tous.

Outre les acquisitions que vous effectuez auprès de votre fournisseur habituel, n’hésitez pas, également, à consulter les catalogues de films documentaires la Bpi (Les Yeux doc), du CNC (Images de la culture) et de l’Adav. Grâce au dispositif d’acquisition de droits de films auprès des producteurs mis en place par le Ministère de la Culture et le CNC, mis en œuvre par la commission d’Images en bibliothèques depuis plus de trente ans, les films acquis sont ensuite disponibles pour les médiathèques avec les droits de prêt, consultation sur place, VOD et projection publique. Ce circuit de diffusion de films a permis la constitution de fonds rares et précieux de films documentaires dans les médiathèques et a conduit Images en bibliothèques à lancer le Mois du film documentaire en 2000 pour valoriser ce travail et développer les passerelles avec les salles de cinéma.

Pour faciliter l’organisation des séances dans le cadre du Mois du film documentaire, Images en bibliothèques met à disposition des propositions de films et de projets. Les bibliothèques peuvent également bénéficier de tarifs négociés pour les droits de projection, recevoir des kits de communication, demander des aides financières pour la venue de cinéastes, etc.

Chaque année, plus de 3000 séances sont ainsi organisées pendant le Mois du film documentaire, 40% d’entre elles sont accompagnées de la venue d’un cinéaste ou d’un intervenant.

L ‘exemple : Le Mois du doc à la Bibliothèque départementale de l’Eure

La bibliothèque départementale de l’Eure participe très régulièrement au Mois du film documentaire. David Donnat y est référent du cinéma et coordinateur du Mois du doc depuis 2012. Dans le cadre de cette manifestation, la bibliothèque départementale finance les droits de diffusion pour une vingtaine de projections de films documentaires de création. Les bibliothèques rurales du département de l’Eure reçoivent un accompagnement privilégié pour le choix du film et l’invitation du cinéaste. Elles reçoivent aussi un soutien technique et logistique.

Lors d’une interview réalisée par Images en bibliothèques au moment du bilan de l’édition 2019 du Mois du doc, David Donnat indique :

Qu’en plus de l’aide pour le choix des films, nous [l’équipe de la médiathèque départementale] nous déplaçons avec notre kit de projection que nous prêtons aux bibliothécaires, et nous animons les séances avec eux, s’ils se sentent un peu fébriles à l’idée de le faire. Sur le fond, nous proposons des ateliers d’initiation sur la connaissance du documentaire de création ou d’aide à la présentation de films [1].

En 2020, à l’occasion d’un Mois du doc exceptionnellement confiné, la bibliothèque départementale de l’Eure a mis en ligne chaque jeudi du mois de novembre, quatre documentaires en libre accès sur le site internet des bibliothèques de l’Eure, en partenariat avec Normandie Images.
Parmi les films diffusés en 2020 :

  • Green Boys d’Ariane Doublet
  • Lindy Lou, jurée n°2 de Florent Vassault
  • Ouaga Girls de Thérésa Traoré Dalhberg
  • Ni d’Eve, ni d’Adam de Floriane Devigne
  • De la joie dans ce combat et Mes jours absolument doivent être illuminés, deuxcourts métrages de Jean-Gabriel Périot
  • Révolution école de Joanna Grudzinska
  • L’esprit des lieux de Stéphane Manchematin & Serge Steyer
  • Focus sur le travail de Laetitia Carton : Edmond un portrait de BaudouinLa pieuvreD’un chagrin j’ai fait un repos.

Faire de l’éducation aux images

Si les bibliothèques proposent des séances de films, beaucoup organisent aussi d’autres types d’animations, tels que des conférences, ateliers, jeux, rencontres, etc. Les bibliothécaires animent souvent eux-mêmes des actions ou font appel à des intervenants extérieurs. Le travail en direction des jeunes publics est particulièrement développé, avec parfois la mise en place de partenariats avec des établissements scolaires, des associations ou des structures culturelles.

 

L ‘exemple : Les ateliers proposés par les médiathèques de Reims lors de la Fête du cinéma d’animation

Le réseau des médiathèques de Reims participe régulièrement à la Fête du cinéma d’animation avec une programmation très foisonnante, des projections, des expositions, mais aussi des ateliers.

En octobre 2019, les médiathèques de la ville ont ainsi mis en place l’atelier « Histoires drôles animées », développé par le Centre Culturel numérique Saint-Ex à Reims. Le but de l’atelier était de faire réaliser aux participants un gif animé à partir d’histoires drôles ou de devinettes. Les participants ont ainsi créé le décor de fond et les personnages, puis assemblé les gifs à partir d’un logiciel conçu par le Centre culturel. Cet atelier était accessible à partir de 8 ans et s’est déroulé sur 3 heures.

En octobre 2017, les médiathèques de Reims ont aussi proposé un atelier participatif tout au long de la Fête du cinéma d’animation. Cet atelier était animé par Bruno Bouchard autour de son projet « 24 Mensonges par seconde ». Les bibliothèques ont distribué à leurs usagers des morceaux de bobines de films pour qu’ils les grattent, les colorient, les perforent ou les transforment. A la fin du mois, les bibliothécaires ont collecté les 200 bobines customisées et Bruno Bouchard les a montées ensemble. Il en a résulté un film collaboratif.
En parallèle, trois ateliers du même type ont été organisés, l’un à la médiathèque Croix-Rouge avec un groupe d’enfants venus d’un centre de loisir, l’un dans un centre pénitencier et l’autre à la médiathèque Jean Falala pour un public d’IME. Les trois films réalisés en ateliers et le film fait avec les 200 morceaux de bobines ont été projetés en même temps à l’issue de la Fête du cinéma d’animation.

Le travail en direction des publics éloignés de l’offre culturelle

Très investis dans la question de l’accès au cinéma, les médiathèques mènent également des actions auprès des publics spécifiques, à l’intérieur de la bibliothèque ou hors les murs, pour des personnes en situation d’apprentissage du français, des publics du champ social, des personnes en milieu hospitalier ou pénitentiaire.

 

L’exemple : Une séance de film pour des personnes incarcérées à la médiathèque Astrolabe de Melun

A l’occasion du Mois du film documentaire [2], la médiathèque de l’Astrolabe de Melun propose tous les ans une projection pour des détenus du centre de détention de la ville. Un groupe de huit hommes, accompagné de deux surveillants et d’une personne du Service pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), visite la médiathèque. La projection se déroule à la Médiathèque de l’Astrolabe, accompagnée par un intervenant (le plus souvent, le ou la cinéaste) qui discute avec les spectateurs. En général, les détenus se montrent très actifs lors de la discussion et les intervenants en ressortent très enthousiastes.

La Médiathèque départementale de Seine-et-Marne prend en charge financièrement la protection et la venue de l’intervenant. Vinciane Lecocq, bibliothécaire référente cinéma à la médiathèque Astrolabe, déclare :

« Proposer un film aux personnes détenues du centre de détention, la plupart du temps en présence de sa réalisatrice ou de son réalisateur, permet une rencontre vivante toujours très humaine, à laquelle elles sont très sensibles. Il faut vraiment saluer ces cinéastes qui viennent toujours avec enthousiasme et sont très généreux.ses dans l‘échange »[3]. Ce qui frappe, c’est toujours l’attention avec laquelle le film est suivi. Durant l’échange, il n’est pas rare qu’une personne se mette à s’exprimer tout à coup après avoir laissé les autres parler ; la densité de l’échange, la sensibilité qui s’y exprime, quelque chose parfois de l’intime sans verser pour autant dans le pathos ».

Exemples de films projetés au sein de ces séances

  • Quand la caravane reste, de et présenté par Stéphane Mercurio (2015)
  • La Mécanique des corps, de Matthieu Chatellier (2016)
  • Des bobines et des hommes, de et présenté par Charlotte Pouch (2016)

Ressources utiles pour la mise en place d’actions sur le cinéma en médiathèques

Qui contacter pour vous aider dans vos projets ?

Images en bibliothèques
Association nationale pour les images animées en médiathèques, Images en bibliothèques est un interlocuteur clé pour les médiathèques qui souhaitent mettre en place des actions sur le cinéma. L’association propose des ressources et des formations pour accompagner les professionnels. N’hésitez pas à contacter l’équipe si vous avez besoin d’aide dans vos projets.

Les bibliothèques départementales
Elles accompagnent les bibliothèques rurales pour la gestion de leurs collections, la formation et l’organisation d’animations.

Les Pôles régionaux d’éducation aux images
Les pôles sont des interlocuteurs privilégiés si vous recherchez des intervenants pour des ateliers ou si vous avez besoin de conseils pour la conception d’un projet d’éducation à l’image.

Les associations et les festivals locaux
Vous pouvez prendre contact avec les associations qui œuvrent dans la transmission du cinéma ou avec les festivals qui sont implantés près de votre structure.

Les associations nationales qui œuvrent pour la diffusion et l’action culturelle cinématographique
Agence du court métrage
Afca – Association française du cinéma d’animation
Passeurs d’images
ACID – Association du cinéma indépendant pour sa diffusion
ADRC – Agence pour le développement régional du cinéma
AFCAE – Association française des cinémas d’art et essai

Les manifestations nationales
De nombreuses médiathèques participent à des manifestations nationales pour être guidées dans leur programmation, bénéficier d’aides financières et faire rayonner l’action dans le cadre d’un événement national.

Le Mois du film documentaire
Manifestation nationale portée par Images en bibliothèques qui invite les structures qui le souhaitent à programmer des films documentaires tout au long du mois de novembre. Des propositions thématiques avec des films au tarif négociés ainsi que des aides financières à la venue de cinéastes sont proposées. Espace professionnel du Mois du doc

La Docothèque
La Docothèque rassemble les archives des programmations du Mois du film documentaire et de la Cinémathèque du documentaire. Une mine d’inspiration et d’information pour construire sa programmation de films documentaires !

La Fête du cinéma d’animation
Manifestation nationale portée par l’Afca qui propose aux structures culturelles de mettre le cinéma d’animation à l’honneur chaque année au mois d’octobre.

La Fête du court métrage
Manifestation annuelle organisée avec le soutien de l’Agence du court métrage qui permet de diffuser des programmes de courts métrages gratuitement.

Quelques outils pédagogiques à découvrir pour faire de l’éducation aux images

  • La Mash up Table et la Mash up box – outil qui permet d’expérimenter le montage de manière ludique par l’intermédiaire de cartes interactives.
  • Cinaimant – boîte qui rassemble des courts métrages et des photogrammes aimantés pour mettre en place des animations.
  • Boîte à Balbu-ciné – Valise de jouets pour sensibiliser au pré-cinéma.
  • L’Atelier Cinéma – Jeu et application autour du film Azur et Asmar de Michel Ocelot.
  • Pause Photo Prose – Jeu de sensibilisation à la lecture d’images.

Par Adèle Calzada, Chargée de formation et d’actions pédagogiques

[1] Interview de David Donnat dans le catalogue Bilan de l’édition 2019 du Mois du film documentaire, édité par Images en bibliothèques en février 2020 (page 31).

[2] La médiathèque de Melun organise cette action en partenariat avec la Médiathèque départementale de Seine-et-Marne et avec le Centre de Détention de Melun.

[3] Interview réalisée par Images en bibliothèques et publiée sur son site internet, dans la partie Ressources