Points de vue sur l’éducation aux images
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Table ronde

Pourquoi et comment les cinéastes s’engagent dans des actions d’éducation aux images auprès de la jeunesse ?

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Lors de la Rencontre Nationale des Pôles 2024 à Lille, qui s’est déroulée les 18 et 19 mars 2024 dans le cadre du festival Séries Mania, l’Acap – pôle régional image a mis à l’honneur les réalisateurs et réalisatrices qui s’engagent dans l’éducation aux images afin de mieux appréhender les liens qui unissent création et transmission.

Publié le 30/04/2024, Mis à jour le 07/05/2024

Si chaque atelier d’éducation aux images donne lieu à des aventures singulières et non reproductibles, c’est bien parce qu’il s’agit d’une alchimie unique entre l’univers artistique d’un·e intervenant·e et les sensibilités d’un public. 
Qu’est-ce qui motive ces cinéastes intervenant·es à aller à la rencontre des enfants et des adolescent·es ? Comment se sont-iels lancé·es ? Qu’est-ce qu’iels en retirent ?
Que défendent-iels en matière d’éducation aux images ? Comment se partage l’expérience d’une création commune ?

Cette table ronde a été modérée par Aurélie Ferrier, Directrice de Cannes Cinéma, l’un des 3 pôles de la région Sud – PACA.

Invité·es : 

  • Steeve Calvo, réalisateur, chef opérateur, monteur
  • Hélier Cisterne, réalisateur et scénariste
  • Erika Haglund, réalisatrice, scénariste et monteuse de cinéma
  • Pierre Larose, photographe, plasticien
  • Hélène Rosselet-Ruiz, scénariste et réalisatrice
  • Justine Vuylsteker, cinéaste d’animation

Rencontrer l’éducation aux images

Les invité·es ont d’abord partagé leur parcours et ce qui les a conduits à intervenir dans des dispositifs et ateliers d’éducation aux images. Iels révèlent un intérêt pour la transmission du cinéma et des pratiques et voient dans les ateliers une opportunité de partager leur passion, de prolonger leur travail de cinéaste tout en éveillant la curiosité et le regard critique des jeunes générations face à l’image. 

 

Erika Haglund a découvert l’éducation aux images “par hasard” après avoir été sollicitée pour mener des ateliers. 
Je me suis retrouvée à fréquenter les établissements scolaires alors que c’est exactement ce que je ne voulais pas faire parce que je viens d’une famille d’enseignants. Et j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui m’a rattrapée, qui était de l’ordre de la transmission et la volonté de partager une passion.”

 

Steeve Calvo a également trouvé sa voie dans les ateliers d’éducation aux images après avoir ressenti un manque de sens dans les domaines de la publicité et de la communication. 

“Quoi de mieux que d’apprendre la consommation d’images avec des enfants, de les responsabiliser face à leur consommation, face à leur pratique. J’y ai trouvé beaucoup de sens. J’aime pouvoir amener les enfants à réfléchir sur ce monde de l’image qu’on est en train de créer.” 

 

Hélène Rosselet-Ruiz a été introduite dans ce domaine à travers des dispositifs comme Filme l’avenir, en partenariat notamment de Talents en court et du Comedy Club, ce qui lui a permis d’explorer de nouvelles voies.

“Ça a été ma première expérience auprès de jeunes. C’est un dispositif sur lequel on a deux jours pour écrire, réaliser et monter un film avec des jeunes, avec des moyens très légers. Ça m’a plu et ça m’a permis de garder un pied dans un milieu d’où je venais.” 

 

Hélier Cisterne a été marqué très jeune par son expérience en option cinéma au lycée, ce qui l’a incité à prolonger son métier de réalisateur par de l’intervention en milieu scolaire. 

Qu’est-ce que je voulais transmettre et partager avec les jeunes ? D’abord leur raconter comment j’avais vécu ce que j’avais traversé pour en arriver là où j’en étais. Et dans d’autres cas : comment faire un film ? qu’est-ce que c’est une image ? Que raconte un plan large ? Un plan serré ?, etc. Donc j’ai fait pas mal, avec l’Acap principalement, d’interventions scolaires qui m’ont permis de joindre les deux bouts jusqu’à ce que je sois indépendant.”

 

Justine Vuylsteker a découvert son intérêt pour l’éducation aux images après avoir présenté son premier film et ressenti un émerveillement dans la rencontre avec le public. 

“Je me suis rendue compte que les rencontres que je préférais, c’était avec les étudiants, les lycéens, les collégiens où ils ont des questions très justes, à l’endroit de ce que moi j’aime : l’émerveillement de la matière qui bouge, du geste, de comment c’est fabriqué |…] je suis devenue un petit peu addicte à ces rencontres régulières avec les élèves où du coup on peut fabriquer ensemble.” 

 

Pierre Larose a commencé à intervenir en milieu scolaire par nécessité financière tout en poursuivant sa carrière, cela fait maintenant douze ans qu’il collabore avec l’Acap. 

“Pour moi le cadre des interventions en milieu scolaire, ça a été d’abord de devoir travailler. Donc j’ai repris la tâche avec mes anciens professeurs de lycée qui m’ont fait travailler au sein de la section cinéma Audiovisuel que j’avais moi-même suivie. Et ensuite j’ai rencontré l’Acap, avec qui je travaille maintenant depuis de nombreuses années.”

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 © Gaël Clariana / Acap – pôle régional image 

Transmettre : vers quels publics ?

Au fil des expériences, chaque intervenant·e a su rencontrer son public. C’est surtout la transmission et l’enseignement qui sont soulignés comme des opportunités de partager la magie de la création, de dépasser les préjugés ou encore de favoriser l’épanouissement personnel. 
Outiller et encourager la créativité des jeunes sont aussi présentés comme des éléments essentiels de cette éducation artistique. Finalement, toutes et tous dépeignent une vision enrichissante et bouleversante de ce qui se passe dans les ateliers, véritables espaces de rencontres humaines.  L’éducation aux images est ainsi observée à travers son potentiel transformateur pour toutes les personnes impliquées.   

 

Transformer des difficultés en atouts

À travers son film d’atelier Dys sur Dys, réalisé dans le cadre du dispositif Toute la Lumière sur les SEGPA, Steeve Calvo a cherché à changer la perception des troubles d’apprentissage  (“Dys” : dyslexie, dyspraxie, dyscalculie) en les considérant comme des atouts pour les jeunes, les encourageant à voir leurs différences comme une force artistique.

Selon lui, ces jeunes voient le monde un peu différemment et même si ce n’est pas toujours évident, “il y a un amusement dans la création que je ne retrouve nulle part ailleurs et j’aime beaucoup travailler avec ces élèves-là.”    

 

La création pour surmonter les obstacles et favoriser la rencontre humaine

Erika Haglund met en avant les rencontres humaines fortes qui se produisent lors de ses ateliers avec des publics en situation de handicap. 

“Il y a quelque chose autour d’une rencontre humaine très forte qui va au-delà de la création pure. Il se passe quelque chose, on essaie de surmonter des difficultés ensemble pour faire un film”.

Dans le cadre de sa nouvelle expérience en EHPAD en collaboration avec une danseuse, elle aborde l’importance du soin et de la beauté grâce aux images dans ce projet qui mêle le mouvement, le cinéma et la photographie. Ce travail permet aux participant·es de se voir autrement.

 

Apprendre sans s’en rendre compte…

Hélène Rosselet-Ruiz partage son expérience avec des jeunes de 16-25 ans, pris en charge par la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) en milieu ouvert, qui lui a beaucoup appris :

“Ce public est a priori non volontaire. Mais parallèlement ils travaillent sur des choses qui vont leur servir, par des biais complètement détournés.” 

 

Encourager la créativité chez les jeunes

Justine Vuylsteker, dont la spécialité est le cinéma d’animation, partage son expérience positive avec des élèves de 4ème soulignant leur évolution vers la créativité et la confiance en eux·elles :

“J’aime bien leurs regards un peu blasés mais au bout d’une demi-heure, ils sont là. Ils ont re-convoqué leur magie intérieure, ils sont rassurés et heureux de se découvrir créateur, dessinateur…  De trouver plein de biais différents pour raccrocher avec ce plaisir du dessin et de l’image recomposée qui ne vient pas du réel, qui vient d’ailleurs, qui vient prolonger l’imaginaire”.  

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 © Gaël Clariana / Acap – pôle régional image 

Un enrichissement multiple 

 

Sur le plan professionnel

Les invité·es témoignent de l’enrichissement professionnel qu’iels tirent des ateliers, notamment par l’expérience acquise, les opportunités offertes et le maintien du lien avec leur pratique artistique. 

Steeve Calvo explique par exemple “Moi je travaille beaucoup sur les monstres dans mon travail personnel et un enfant, c’est vraiment un monstre [rire] En fait ce qui est génial, c’est qu’ils m’offrent leur culture. Après, ils ont aussi des improvisations merveilleuses, auxquelles je n’aurais jamais pensé.”    

Pour Pierre Larose « Il y a toujours des ponts qui se sont faits » évoquant la continuité entre ses interventions et ses projets artistiques. Comme son film documentaire Bienvenue qui est né de la rencontre créée lors d’un atelier avec un CADA (Centre d’accueil pour demandeurs d’asile), ou encore le projet photographique Mémoires habillées qu’il a partagé avec des élèves de lycées et auquel certains ont participé. 

Les apports des ateliers ont beaucoup soutenu Justine Vuylsteker dans l’écriture de son court métrage car “le temps d’écriture éloigne de la caméra, de la matière et les ateliers permettent de maintenir ce lien avec la réalisation”. Elle évoque également la différence entre le “perfectionnisme” des projets professionnels et la spontanéité des élèves qui bouscule les standards. “Un geste imparfait fonctionne, il est très beau et parfois ils (les jeunes) me réapprennent à m’émerveiller.”

Pour Hélène Rosselet-Ruiz, les ateliers l’ont obligée à “une exigence technique et de compétences que je n’avais pas forcément acquises. Je voulais gérer les aspects techniques pour qu’eux soient contents, être à la hauteur techniquement”.  Selon Steeve Calvo, c’est d’ailleurs “une exigence esthétique qu’il faut un peu déconstruire avec eux” pour éviter un sentiment d’échec face à cette quête impossible à atteindre dans le cadre d’ateliers de pratique artistique. “Quand on regarde un générique de fin, il y a 150 personnes, nous on est 15 !”.


Le soutien à la création est également évident pour chaque invité·e. Les interventions aident à persévérer malgré les réalités financières. 

Hélier Cisterne reconnaît par exemple que les interventions lui ont certainement permis de persévérer dans le domaine et “de ne pas céder à certaines sirènes plus rémunératrices qui m’auraient peut-être éloigné du parcours que je poursuivais depuis des années. On ne s’enrichit pas, c’est sûr,  mais ça permet de tenir le coup… donc reconnaissance éternelle aux gens qui nous permettent de poursuivre nos rêves [rire]!”

 

Sur le plan personnel

Les invité·es soulignent l’importance de la transmission et du partage, ainsi que la satisfaction de voir les jeunes développer un regard critique, mettant en avant la nécessité de comprendre leur culture pour mieux les accompagner. 

Steeve Calvo témoigne : “Je parle beaucoup de consommation. On est dans cette société où on met énormément de divertissements, d’éléments multimédias très forts, avec vraiment une domination sur l’œil. Et c’est vrai que s’il n’y a pas de digestion derrière c’est compliqué. Si les jeunes n’en parlent pas, s’ils ne la transforment pas en création, à un moment donné, ils risquent le burn out ou le bug cérébral. C’est un enrichissement personnel de savoir qu’on permet cette digestion-là. L’essentiel c’est qu’ils sont déjà au travail quand ils parlent de ce qu’ils ont vu et quand ils fabriquent. Quand ils sont en train de faire des parodies, ils sont déjà dans un élément critique, une création critique.”

Pierre Larose met en avant la nécessité de comprendre la culture des jeunes : “Quand j’ai commencé, j’avais 22 ans et peu d’écart avec les jeunes que je voyais […] J’ai 35 ans maintenant et j’ai l’impression de pouvoir rester un peu jeune aussi. Ils me font découvrir ce qu’ils regardent sur leur téléphone, à la télévision. Il y a beaucoup de territoires où le cinéma est très très lointain et heureusement qu’il y a des dispositifs qui ramènent le cinéma…”
Il ajoute que les jeunes ont une approche différente de celle des générations précédentes concernant la lecture des images, notamment avec l’utilisation des réseaux sociaux. Il est donc important d’interroger comment ils perçoivent ces images pour mieux les accompagner. Partir des pratiques des jeunes pour les amener à envisager d’autres formes d’expression que celles auxquelles ils sont habitués.  

Hélier Cisterne insiste sur l’échange mutuel et transversal dans les ateliers d’éducation à l’image, où chacun·e apprend de l’autre : « Pas forcément par snobisme, le cinéma a tendance à se replier sur lui-même. Ce sont des métiers très accaparants, obsessionnels. On vit nuits et jours avec ça. On réfléchit à nos projets, on va au cinéma, on essaie de rencontrer des gens qui font le même métier que nous parce qu’on a besoin d’échanger. Quand on fait un atelier, on se rend compte qu’il y a beaucoup de choses à apprendre. Il y a beaucoup d’échanges qui nous font sortir de notre microcosme.”
Qu’est-ce que regardent les jeunes ? Qu’est-ce qui les préoccupe ? Pourquoi il y a une coupure pub ? Comment YouTube gagne de l’argent ?…
Ces échanges amènent des prises de conscience pour l’élève “Ah oui je suis un consommateur, je suis un client à tel endroit”… Et là c’est gratifiant pour nous, intervenant, de se dire qu’on est en train de réfléchir ensemble au monde qui nous entoure.”

 

Un échange entre Erika Haglund, Justine Vuylsteker et Hélène Rosselet-Ruiz exprime comment chacun·e, participant·es, enseignant·es,  intervenant·e, “se déplace” dans ses perspectives et ses attitudes.

Erika Haglund : Nos évidences s’effondrent un peu et il faut trouver le lieu de la rencontre et inversement, je pense qu’on les bouscule aussi pas mal […] On déplace aussi souvent le regard des enseignants et nous aussi ça nous fait du bien parce que ça nous sort de notre bulle. On est sur quelque chose de la réalité du monde au contact des enseignants, dans les écoles, dans des centres d’apprentis donc ça c’est très bien.“

 

Les intervenantes évoquent également la question des stéréotypes :  

Les stéréotypes de genre :

Erika Haglund : Je me souviens qu’au tout début je sentais les regards interrogratifs parfois dans des classes de lycées professionnels très masculins : que moi j’arrive en tant que femme avec des caisses de matériel, des câbles, etc., ça étonnait. J’ai aussi le souvenir de ça dans des interventions et des ateliers en détention, en quartier mineur. De voir une femme qui arrive et qui est là avec du matériel et qui l’utilise avec eux, qui est sur le terrain…”
Justine Vuylsteker confirme : “On s’attend à un vieil homme avec des cheveux blancs.. et non, c’est moi l’autrice… Ils te regardent monter un trépied en 30 secondes et il trouve ça plutôt cool.” 

 

Mais aussi les stéréotypes de rôles :

Erika Haglund :  Bien souvent c’est la fille discrète qui d’un seul coup s’empare de la perche, ne veut plus la lâcher ou le garçon pénible qui devient le super comédien et on est bien content qu’il ait la tchatche. Je trouve que c’est une aventure humaine qui fait que chacun est déplacé à un endroit et, c’est là que c’est riche : car si on reste chacun à notre place, il n’y a plus d’intérêt.”  
Justine Vuylsteker conclue : On arrive dans une classe où les rôles sont déjà attribués, les professeurs essaient de nous avertir de ce qui va avoir lieu, mais en fait les cartes sont redistribuées et c’est vraiment un bonheur lorsque tous te disent à la fin qu’ils les redécouvre autrement”. 

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 © Gaël Clariana / Acap – pôle régional image 

Le travail en atelier : un chemin propre à chacun.e 

La table ronde s’achève par la projection d’extraits de films issus d’interventions et les échanges abordent les pratiques, les usages et les habitudes de travail en atelier. 

Que ce soit dans la façon d’interagir avec leur public, de partir de leurs propres pratiques, d’un sujet déterminé ou encore de laisser s’exprimer les jeunes, toutes et tous ont construit une certaine méthode de travail comme un fil conducteur forgé au fil des expériences. Mais, la rencontre avec le public invite sans cesse à se renouveler, à se questionner en fonction des dynamiques qui se créent et se jouent. Chaque nouveau projet, chaque nouvelle rencontre, chaque nouvel univers est une invitation à savoir s’adapter, à faire parfois des pas de côté, pour pouvoir construire une nouvelle histoire.
Un public n’est jamais figé, la façon de recevoir, jamais acquise, et c’est bien à cet endroit que le plaisir du partage et de la transmission semble opérer pour chacun·e des ces professionnel·les de l’image. 

 

Pour citer un exemple, Steeve Calvo partage son procédé dans le cadre de ses interventions auprès d’une classe de SEGPA.
L’aventure commence avant tout par un temps où il apprend à connaître les élèves. Pour lui, le brainstorming, “c’est le nerf de la guerre”. Cet outil lui permet d’écrire avec les élèves, sans juger ce qui émerge, et de découvrir ce qu’iels veulent, comment iels pensent, lui permettant de toujours s’adapter. 

“J’ai une relation très amicale avec eux. J’ai pas envie d’être un sachant. Par contre, quand on passe au travail, c’est vraiment très sérieux.” Après la phase d’écriture, les jeunes passent rapidement à la pratique. Iels écrivent une scène et la filment. Steeve organise également des temps de castings et de répétitions.
Il tourne, regarde et monte avec eux·elles et si ça ne convient pas, les élèves reprennent la scène. “Pour moi, tout part du jeu d’acteur. Et mon but, c’est de les faire jouer le mieux possible. Je suis assez exigeant là-dessus et c’est le plus gros travail dans mes ateliers : les faire jouer pour les faire se révéler.”

Conclusion

Cette table ronde a mis en lumière la richesse et la diversité des expériences vécues par les intervenant·es, ainsi que les multiples bénéfices, à la fois professionnels et personnels, qui en découlent. 

Sur le plan professionnel, les interventions sont perçues comme des opportunités d’apprentissage, de développement de compétences et de maintien du lien avec leur pratique artistique. Elles permettent également à ces professionnel·les de l’image de persévérer dans leur parcours malgré les contraintes financières et les pressions extérieures.

Les témoignages mettent en évidence l’importance de la transmission et du partage ainsi que la capacité des ateliers à favoriser l’épanouissement personnel. Que ce soit en surmontant des obstacles, en développant un regard critique sur les médias ou en se découvrant créateur·rices, les ateliers d’éducation aux images contribuent à élargir les horizons et renforcer la confiance en soi.

L’espace et le temps d’atelier offrent la possibilité de bousculer les cadres, de remettre en question les préconçus et d’ouvrir l’esprit, tant pour l’intervenant·e que pour le participant·e. En déplaçant les perspectives, en renversant les stéréotypes et en favorisant l’enrichissement mutuel, les ateliers d’éducation aux images sont des lieux de dialogue et de rencontre, où chacun·e peut s’exprimer et s’enrichir de la diversité des expériences et des points de vue.

La motivation principale des intervenant·es réside dans le désir de partager leur passion et leur expertise auprès du public. Ces professionnel·les cherchent avant tout à susciter l’intérêt pour le cinéma et les arts visuels, tout en encourageant la créativité et la réflexion critique. Leurs différentes approches auprès des élèves révèlent l’art de mener un atelier et la capacité d’adaptation qu’il est nécessaire d’avoir au regard des divers contextes et objectifs d’intervention. 

Cette table ronde témoigne du véritable potentiel transformateur des interventions d’éducation aux images, tant sur le plan individuel que collectif, et souligne l’importance de continuer à soutenir et à valoriser ces initiatives dans le domaine de l’éducation et de la culture.

Présentation des invité·s

  • Erika Haglund, réalisatrice, scénariste et monteuse de cinéma a étudié le montage à l’école de cinéma la Fémis. Elle a réalisé plusieurs films, principalement des courts-métrages de fiction pour se tourner ensuite vers le documentaire, travaillant sur des projets comme « Ces enfants sur mon chemin« , qui suit des enfants d’une classe Ulis, et « Boréale« , où elle revoit ces enfants 10 ans plus tard.
    > Découvrir le retour d’expérience d’Erika Haglund : la création en prolongement des atelier
  • Originaire de Marseille, Steeve Calvo, réalisateur, chef opérateur, monteur a d’abord connu un échec lors de son BTS Audiovisuel, mais a trouvé sa voie dans un cursus aux Beaux-Arts de Marseille, où il a commencé à travailler avec ses professeur·es, réalisant des projets diffusés dans des biennales et des musées. Il s’est ensuite orienté vers la danse contemporaine, devenant scénographe vidéo pour le Ballet National de Marseille pendant 5 ans. Parallèlement à cela, il a écrit des scénarios de courts-métrages et a travaillé dans la publicité et la communication, avant de reconnaître un véritable sens dans les projets d’atelier d’éducation aux images.
  • Initialement attirée par le métier d’actrice, Hélène Rosselet-Ruiz, scénariste et réalisatrice a réalisé rapidement que son véritable intérêt était d’écriture des histoires et qu’il existait différents métiers derrière la caméra. Grâce à des dispositifs comme « Talents en court », ou le Comedy Club ou encore le programme « Égalité des chances » de la Fondation Culture et Diversité, elle a pu explorer de nouvelles voies. Encouragée par sa sœur jumelle, elle-même étudiante, elle est admise à la Fémis en réalisation à l’âge de 27 ans. Hélène a réalisé plusieurs courts métrages pendant ses études. Elle écrit actuellement son premier long-métrage.
  • Hélier Cisterne, réalisateur et scénariste, a grandi dans le Lot. Éloigné des grandes villes, il a suivi l’option cinéma au lycée d’Arsonval de Brive-la-Gaillarde. A Paris, il a étudié la philosophie à Saint-Denis, le cursus cinéma étant complet. C’est à cette époque qu’il rencontre sa compagne, Katell Quillévéré, également réalisatrice. Hélier a réalisé son premier court-métrage grâce au GREC (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques), ce qui l’a encouragé à devenir réalisateur. Il a réalisé plusieurs courts métrages, deux longs métrages et des séries comme Le Bureau des légendes et Le Monde de demain.
    > Découvrir la
    Masterclass d’Hélier Cisterne : une plongée dans le processus créatif de la série.
  • Justine Vuylsteker, cinéaste d’animation spécialisée en techniques traditionnelles, s’est dirigée vers une formation en dessin et cinéma d’animation à l’ESAAT (École supérieure des arts appliqués et du textile) à Roubaix. Elle a découvert une passion pour les techniques traditionnelles telles que le découpage de papier et l’utilisation du sable. Son parcours a été influencé par sa rencontre avec la technique rare de l’écran d’épingles, une méthode d’animation héritée du graveur Alexandre Alexeïeff et de l’ingénieure Claire Parker, dont le CNC a restauré et mis à la disposition des réalisateur·rices l’un des deux exemplaires uniques au monde. Après avoir utilisé cette technique dans son film « Etreintes« , elle s’implique dans la transmission auprès des jeunes pour partager sa passion pour le cinéma d’animation et les techniques traditionnelles.
  • Originaire d’un village près d’Amiens, Pierre Larose, photographe, plasticien a toujours eu une passion pour l’image. Après l’option cinéma audiovisuel au lycée, il a rejoint l’IAD (Institut des Arts de Diffusion) en Belgique pour la section réalisation. Il a ensuite abandonné ses études pour se consacrer à un projet photographique et vidéo en collaboration avec son compagnon, lui-même artiste. Ce projet a été repéré par une galerie internationale au Mexique, leur offrant l’opportunité d’y travailler pendant cinq ans. Les besoins financiers l’ont amené à diversifier ses activités : il a ainsi commencé à intervenir en milieu scolaire, en parallèle de sa carrière dans la mode et la publicité, notamment en collaboration avec l’Acap.

Propos recueillis par Stéphanie Putaggio et Valérie Mocydlarz, Coordinatrices Le Fil des images.